Ce que nous apprend l'anthropologie

La Naissance de Vénus de Botticelli (texte de l’entretien)


La Vénus de Botticelli. Voici une peinture que tout le monde ou presque connaît. On dit toujours « La Naissance de Vénus », mais il s’agit en réalité de l’arrivée de Vénus (l’Aphrodite grecque) sur l’île de Chypre.
La beauté du modèle incite à en détailler les formes, mais une attention plus soutenue et surtout plus spirituelle conduit à remarquer un certain nombre d'objets et de personnages périphériques.
D’abord, il y a la coquille dont la forme évoque une partie très intime du corps de la femme. Ne l’appelle-t-on pas « mont de Vénus ». C’est probablement pour cette raison que la coquille symbolise les mondes souterrains, les eaux primordiales, la lune et la fécondité, nécessairement.
Ce sont des associations quasi universelles. Pour vous en convaincre, recherchez sur Internet des images de coquillages de type Cyprae : ces coquillages aux formes évocatrices, sont très présents sur les rivages de l’île de Chypre, … l’île d'Aphrodite.
Parmi les personnages, notez, en haut à gauche, la présence de Zéphyr, la divinité du vent d'Ouest, le vent fécondateur. Deux nymphes se pressent autour de Vénus. L’évocation des nymphes rappelle à nouveau le sexe de la femme dont les roses sont une image délicate. Ces roses évoquent à leur tour la Vierge Marie, et si vous cherchez sur Internet, vous trouverez une peinture qui représente la Vierge Marie sous une coquille Saint-Jacques.
Actuellement encore, lors de baptêmes chrétiens, le prêtre utilise un récipient en forme de coquille Saint-Jacques pour verser l'eau provenant des fonds baptismaux sur le front de l'enfant.
Quittons Florence pour Compostelle où une légende raconte qu'un certain vent a poussé une embarcation qui contenait les restes suppliciés de Saint-Jacques, de Jérusalem vers la Galice. Aujourd'hui encore, les pèlerins qui se rendent à Saint-Jacques de Compostelle, ramassent au Cabo Fisterra, une sorte de Finistère, de fin de terre, tout près de Saint-Jacques de Compostelle, des coquilles Saint-Jacques à profusion.
Il est vraisemblable que le culte chrétien autour de Saint-Jacques a remplacé un culte plus ancien à la coquille Saint-Jacques, incomparable symbole féminin.
Mais qui se soucie encore aujourd’hui du sexe de Venus-Aphrodite,-et des péripéties de Saint-Jacques, réécrites par l'église catholique ?
Il me semble toutefois que l'enseignement en anthropologie ne devrait pas ignorer les constructions symboliques que les sociétés européennes ont forgées, parce qu’elles contribuent à situer, comme disent les initiés Gnawa, l'homme au cœur de l'univers, au sens très large, qui inclut le ciel, ses galaxies, ses planètes errantes, …
Et puisque l’on parle de planètes errantes, vous êtes certainement en mesure de donner le nom de l’étoile qui a guidé le moine Pelagus lorsqu’il a retrouvé les restes de Saint-Jacques.