Ce que nous apprend l'anthropologie

PAQUES Viviana
La religion des esclaves
Moretti et Vitali, Bergamo, 1991
Réédition Acte Sud, 1991


couverture du livre de Viviana Paques

De Jacques Annequin, Persee, 1992
Cette étude de V. Paques est une source de connaissances et d'interrogations tout à fait exceptionnelle pour l'historien. D'abord parce que travaillant sur le terrain l'auteur a saisi de l'intérieur les voies de connaissances complexes du rite initiatique, a réussi à nous transmettre l'importance des gestes, des silences, des musiques, des danses, des visions qui communiquent un savoir que les mots ne peuvent traduire qu'imparfaitement. Ensuite parce qu'elle dégage le rôle de l'enchantement du rite dans un système d'interprétation du monde conçu comme un ensemble harmonique dans lequel la partie signifie le tout, la multiplicité s'enchaîne grâce aux liens de la sympathie qui permettent d'assurer à l'opération symbolique son efficacité. Cette représentation du monde se rapproche beaucoup, il n'est guère besoin de le dire, des cosmologies antiques qu'elle permet en retour de mieux appréhender. Enfin, parce que cette Weltauschauung est bien particulière : c'est celle d'un groupe précis, celle des esclaves Gnawa, qui construisent autour d'un certain nombre de données un monde qui est d'abord le leur. Or, certaines de ces données apparaissent à travers les temps, comme spécifiquement serviles.