Ce que nous apprend l'anthropologie

Poème « A dream within a dream » et ses traductions.


A dream within a dream
(Edgar Allan Poe)

Take this kiss upon the brow !
And, in parting from you now,
Thus much let me avow
You are not wrong, who deem
That my days have been a dream ;
Yet if Hope has flown away
In a night, or in a day,
In a vision, or in none,
Is it therefore the less GONE ?
All that we see or seem
Is but a dream within a dream

I stand amid the roar
Of a surf-tormented shore,
And I hold within my hand
Grains of the golden sand
How few ! yet how they creep
Through my fingers to the deep, While I weep_while I weep !
O God ! Can I not grasp
Them with a tighter clasp ?
O God ! Can I not save
ONE from the pitiless wave ?
Is all that we see or seem
But a dream within a dream ?

Collected Tales end Poems of Edgar Allan Poe, Ramdon House, 1994.


Un rêve dans un rêve

Tiens ! ce baiser sur ton front !
Et, à l’heure où je te quitte,
Oui, bien haut, que je te l’avoue :
Tu n’as pas tort, toi qui juges
que mes jours ont été un rêve ;
et si l’espoir s’est enfui en une nuit ou en
un jour,- dans une vision ou aucune,
n’en est-il pour cela pas moins PASSÉ ?
TOUT ce que nous voyons ou paraissons
N’est qu’un rêve dans un rêve

Je reste en la rumeur d’un rivage
Par le flot tourmenté
et tiens dans la main
des grains du sable d’or –
Bien peu ! encore comme ils glissent
à travers mes doigts à l’abîme,
pendant que je pleure – pendant que je pleure !
Ô Dieu ! ne puis-je les serrer
D’une étreinte plus sûre ?
Ô Dieu ! ne puis-je en saveur
Un de la vague impitoyable ?
TOUT ce que nous voyons ou paraissons,
n’est-il qu’un rêve dans un rêve
v Les poèmes d’Edgar Poe, traduits par Stéphane Mallarmé, Gallimard, 1928.

Un rêve dans un rêve

Recevez ce baiser sur le front !
Et maintenant que je vous quitte,
laissez-moi du moins avouer ceci : –
vous n’avez pas tort, vous qui estimez
que mes jours ont été un rêve !
Cependant, si l’espoir s’est envolé en une nuit ou
en un jour, en une vision ou en un songe,
en est-il pour cela moins en allé ?
Tout ce que nous voyons ou paraissons
n’est qu’un rêve dans un rêve

Je me trouve au milieu des mugissements d’un rivage
tourmenté par la houle,
et je tiens dans la main des grains de sable d’or.
Combien peu ! Et comme ils glissent
à travers mes doigts dans l’abîme,
pendant que je pleure, pendant que je pleure !
Mon Dieu ! ne puis-je donc les retenir
d’une étreinte plus sûre ?
Mon dieu, ne pourrais-je donc en sauver
un seul de la vague impitoyable ?
Tout ce que nous voyons ou paraissons
n’est-il donc qu’un rêve dans un rêve ?

(Traduction de Victor Orban, in SÉCHÉ, Alphonse, Bibliothèque des poètes français et étrangers,
Louis-Michaud éditeur, 168, boulevard Saint-Germain, Paris, sans date [1908].)